DF1.3 D. LEPAGE 24/01/2011

La relation éducative : L'intimité On est toujours en train de mettre une distance professionnelle. L'intimité au niveau étymologique découle du mot latin étimus (=ce qui est le plus au dedans, le fond de, c'est le superlatif de « interior ») d'après le dictionnaire l'intimité peut revêtir quatre sens différents, complémentaires, et qui peuvent tous s'interroger dans le cadre de la relation éducative. Premier sens, ce qui est intérieur et secret, on parle d'intimité de la conscience. Certains peuvent vivre ce dévoilement de l'intimité comme une humiliation de l'intimité; d'autant que ces écrits ne sont pas toujours valorisants et qu'ils rendent comptent de confidences. Second sens : la vie privée de l'individu. On est dans une approche juridique, l'intimité renvoi à la vie privée. Le droit au respect de la vie privée est un droit de la personnalité. Il englobe les éléments d'individualisation comme les noms et prénoms, la date et le lieu de naissance, les amitiés, les religions, les informations sur les modes de vie (engagement politique, santé, sexualité), la santé physique et psychique, les soins auxquels la personne a recours, ainsi que l'intimité. L'atteinte de l'intimité peut faire l'objet de sanction civique et pénale. Troisième sens : l'agrément d'un endroit intime. L'intimité de sa chambre, de son appartement, or, en institution, même lorsque les usagers ont des chambres individuelles, elles sont rarement des espaces intimes. Quatrième sens : C'est la sexualité qui est liée à une des liberté les plus essentielles, celle de disposer librement de son corps. En institution et selon les types de public et de leur âge, elle est interdite, masquée, ignorée, cachée, interrogée, tabou, mais parfois pensée, envisagée, prise en compte, rendue possible dans des conditions favorables. (chambre de couple, financer des week end au couple). J. RIFFAULT, « la sexualité est une pulsion de vie, il y a dans toute expression de la sexualité, l'expression du désir de vivre, de l'aspiration au bonheur, et de là, une des sources principales de toutes créations. Il faut interroger nos représentations pour supprimer nos peurs et appréhender positivement ce qui se joue, de l'effort pour exister, dans les expressions pas toujours adéquates de la sexualité des personnes handicapées mentales. » Voir bibliographie sur Elobou L'intimité est ce qui ne se partage pas ou que l'on ne veut pas le partager sinon avec quelques personnes proches. Ce peut être un lieu, mais aussi une part de soi que l'on souhaite préserver. L'intimité est subjective, et a également ses limites. Le droit à l'intimité contribue au bon développement psychique et agit dans l'organisation sociale. Il permet au sujet de distinguer la réalité externe et interne. La perte de cette intimité renvoi à la perte de son intégrité physique et psychique. La vie en institution provoque des « expériences mortifiantes » (=> GOFFMAN) qui peuvent être ressenties comme humiliantes par le sujet car elle porte atteinte à sa liberté ; exemples : le déshabillage c'est un sentiment de dépossession, l'histoire personnelle dans le dossier vécue comme une violation du Moi intime, la vie organisée par les professionnels avec des heures de repas, de coucher qui engendre le sentiment de ne plus agir sur sa vie quotidienne, la promiscuité avec les autres qui est une violence institutionnelle relative où il leur est demandé de s'adapter aux autres, la contrainte s'exerce dans les petits actes de la vie quotidienne (service, jour de lingerie, heure de retour sur l'institution, heure de la douche, organisation du levé) le règlement intérieur impose à tous tout ceci est légitimé par le fait qu'en entrant dans l'institution le résident doit en contre partie de l'accompagnement accepter les règles et notamment le droit de regard sur son utilisation des biens communs (douche, télé, téléphone, alimentation …). L'éducateur intervient auprès de la personne en la respectant mais aussi en veillant à ce qu'elle même mette en œuvre pour son mieux être, ainsi bien que l'intimité de la personne doit être respectée, le professionnel va veiller à sa sécurité, à l'application de certaines règles et de certaines demandes. L'usager en entrant dans une institution doit ouvrir certains endroits de son intimité. Les ressources utilisées par les personnes accueillies pour préserver leur intimité varie selon les personnes et le contrôle exercé sur elles. Elles mettent en place des adaptations secondaire permettant de déroger à la règle et de retrouver un espace vital d'intimité. Certains peuvent cacher des objets familiers (photos), s'ouvrir une boite souvenir, un journal intime. Des enfants qui partagent une chambre peuvent s'organiser des petits paravents (entre les bureau, les lits, …) pour marquer une limites. Certains peuvent prétexter se coucher plus tôt, prendre une douche plus tôt pour pouvoir se déshabiller lorsqu'ils sont seuls. C'est aux professionnels de situer son intervention dans une bonne distance. Il s'agit pour lui d'être proche sans s'immiscer là où il n'a pas été autoriser à entrer (histoire, nudité, …). L'éducateur doit vérifier cela (qu'il est autorisé à entrer) demander, inviter, proposer. Le danger est de se positionner dans une toute puissance, le droit de tout savoir, tout voir. Tout l'art de l'éducateur d'internat est d'articuler l'individuel et le collectif. Comment permettre das un cadre collectif l'aménagement pour l'individu d'espace où il échappe. L'éducateur doit garantir à l'usager qu'il a un cadre de travail qui ne l'autorise pas sans son accord à entrer dans son intimité, il doit inspirer confiance pour que la personne sache qu'il y a une limite à cette intrusion personnelle. Il se créé entre l'éducateur et le sujet un espace privé commun. Cet espace privé commun est nécessité par les investigations sur le vécu qui permet la relation d'aide. L'éducateur est une praticien chercheur. L'usager doit adhérer à cette investigation, dévoiler sa manière d'être à lui même, à l'adulte et au monde. Il lui faut souvent du temps, et les premières semaines il peut souvent porter un masque, ils se cachent. S'exposer, se livrer et prendre du temps dans toutes formes de relation, mais plus encore dans une relation d'aide à laquelle on est obligé de se soustraire. Cela peut entrainer une obligation de se raconter, certains usagers le font par besoin d'être entendu et compris, d'autres le font pour obtenir un accueil ou un autre bénéfice. L'éducateur doit garantir pour l'usager comme pour lui-même qu'il n'a pas non plus tout à entendre, tout à savoir et que l'usager peut préserver certaines informations. Il n'a pas à tout mettre en scène. Souvent, nous adressons des questions pour que la personne chemine avec, s'interroge sans pour autant attendre une réponse, nous soutenons l'élaboration de l'usager. L'important est qu'il comprenne d'abord pour lui-même. L'éducateur à parfois à se protéger des personnes qui ont une propension à se livrer, à tout mettre en scène sans discernement. Ce qui l'amène du côté de l'obscène et qui peut être vécu comme une agression du côté de l'éducateur.