DF1.3 Madame Lepage 25/10/2010

Approche sémantique de la relation Il ne suffit pas d'être en relation pour quelle soit éducative. La relation est un terme qui apparaît en 1220, c'est emprunté au verbe « referre » qui signifie référé qui désigne l'action de reporter ou rapporter avec une valeur juridique de témoignages, de rapports et la valeur logique de lien entre deux choses. Dans son sens général, la relation nomme un rapport réciproque quelconque entre deux êtres ou deux choses. Au 16ème siècle, on trouve les expressions « avoir relation à » et « être en rapport avec », elles disparaissent au 17ème siècle pour être remplacer par la variante « être en relation avec » qui est toujours employé. Appliqué aux rapports sociaux, le mot relation s'applique à des liens de dépendances, d'interdépendance et d'influence réciproque au fait de communiquer avec quelqu'un. Le mot relation regroupe donc trois sens : le fait de relater (communication, compte rendu, exposé, histoire, mémoire, narration, rapport, récit, témoignage) ; le lien d'interaction (le contact, corrélation, correspondance, liaison, lien) ; la personne que l'on connait (connaissance, contact, fréquentation, contraire de l'inconnu). On peut se rappeler que nous sommes des êtres de relation, de manière anthropologique. Voir pyramide de Maslow. Ce dernier pose la relation comme indispensable dès le troisième niveau. La relation est l'espace où je me découvre, où je partage, où je reçois, où je m'offre, où je donne, où j'observe, où je parle, où je fais silence, c'est l'espace où je rencontre, c'est l'espace temps d'une présence à l'autre, même dans l'absence. « C'est l'outil est le matériau du lien qui se tisse entre soi et l'autre » GABERAN. « La relation Est un entre-deux » SIBONY. Dans le cadre professionnel qui est le notre, c'est toujours à la question quelle relation as tu avec cette personne ? Que je dois répondre. Si je m'inscrit dans cette relation d'aide, ce n'est pas pour moi, c'est pour lui, même si j'y reçois. Il n'y a pas de gratuité. Ce qui est fondamental dans notre métier est de chercher, inventer, susciter la Rencontre. Les qualités de l'éducateur sont d'être avenant (regard, attitude du corps, apparence physique) : Un regard franc, non fuillant, direct, ce qui implique la même attitude de la part de l'usager, le regard peut traduire sa manière d'être avenant s'il pourra se fier à lui. Le regard transcrit aussi de la gaîté, c'est à dire sa vivacité, son rayonnement. C'est important, car la personne en difficulté qui est en face à souvent un regard éteint qui n'a pas de raison de regarder devant lui avec optimisme. L'éducateur doit être sécurisant, engageant. Le regard ne doit pas être un faux-moi, il doit être authentique. Attitude du corps : FREUD disait que le Moi est d'abord corporel, l'éducateur doit être debout, il doit habiter ses habits. Plus on est debout dans sa vie, plus on permet à l'autre de se relever. Le jeune doit avoir envie de vire, de sortir de son accablement. Sans se polariser sur la tenue et la toilette, la manière de s'occuper de soi est importante.

26/10/2010 L'engagement :C'est bien sur la volonté, la confiance, les actes posés, l'intérêt porté, les attentes, mais aussi la « foi », la conviction personnelle que c'est possible. L'engagement appelle l'implication de soi et la référence à des valeurs propres, éthique. Rien à voir avec la vocation qui appelle l'oubli de soi alors que l'engagement réclame la connaissance. Le premier outil de l'ES c'est lui même avec deux poumons : vie personnelle et professionnelle (l'ES travail avec les deux). La distance professionnelle est une distance à soi. L'implication se manifeste physiquement par l'attitude gestuelle, corporelle, le regard, mais aussi verbalement. Il y a deux écueils (=obstacle) à l'engagement : l'identification : de mon histoire à la sienne, la confusion, le manque de distance, c'est tellement moi que je ne peux pas l'aider. L'indifférence : ne pas voir dans l'autre, dans sa problématique, quelqu'un qui m'est semblable, je n'entre pas en relation, car je suis trop loin, et l'autre n'est plus étrange, il est étranger. Il s'agit d'une distance entre sympathie (manque de distance), antipathie (trop loin) et empathie (bonne distance). Empathie : Ce n'est pas se mettre à la place de l'autre, c'est se représenter ce que vit l'autre. Il ne s'agit pas d'éprouver ce qu'il vit mais c'est le comprendre dans une distance professionnelle. S'engager dans la relation éducative, c'est s'appliquer à être un élément perturbateur, pour faire bouger l'autre, et tout l'art de l'éducateur est de créer une relation de sujet à sujet. Dans la relation, l'autre advient dans l'espace que je lui créé, l'espace du possible, l'espace d'expression, de son désir, de sa souffrance, de ce qu'il est. GABERAN dit que « éduquer c'est faire passer du vivre à l'exister ». Dans la relation éducative l'éducateur se propose comme appuis pour grandi, pour devenir, il faut passer par d'autre pour devenir soi. Il se propose comme modèle identificatoire, comme manière d'être au monde, il n'y a pas d'éducation sans risque. Notre vie professionnelle sera un tissu d'erreurs à l'intersection desquelles il y aura des réussites.

27/10/2010 Éduquer c'est conduire un changement, c'est aller vers une situation nouvelle et tout changement passent par des remaniements psychique profonds. Éduquer est un acte de violence car c'est contraindre le pulsionnel. En tant qu'éducateur, notre intervention se justifie en raison des empêchements de l'usager à devenir sujet, que ce soit lié à sa situation de handicap, d'exclusion ou d'inadaptation. C'est ce qui confère à la relation, à son caractère d'aide éducative. MARPEAU dit dans le Processus Éducatif« Il ne suffit pas qu'il y ai relation entre un éducateur et une personne pour que cette relation soit qualifiée d'éducative. Un relation, pour être éducative doit ouvrir à des jeux nouveaux de rapport de place qui vont désinstaller la répétition que le sujet a organiser avec lui même, les autres et son environnement. » Dans la relation éducative, l'usager fait une expérience nouvelle, et si possible positive de son rapport à l'adulte, à lui-même et au monde. (=> trois niveaux à toujours intervenir). La relation éducative est une relation professionnelle. La fonction est commune à tous les éducateurs. Le rôle c'est la manière originelle singulière de remplir sa fonction. La relation éducative est encore une relation qu'on nomme clinique. Qui à l'origine désigne ce qu'il se vit à côté du lit du malade, mais qui, transposé à la fonction éducative signifie ce qu'il se vit auprès de la personne qu'on accompagne. Cet accompagnement passe d'abord par la parole. Les éducateurs ne sont pas parce qu'ils disent mais par ce qu'ils font. Leur implication est ce processus d'engagement relationnel qui se manifeste par le biais de l'expression verbale mais aussi d'indicateurs tels que la présence physique, émotive, la façon dont on montre les sentiments, ou cognitive (compétence, rigueur, la précision de l'argumentaire). La distanciation est ce recul sur la situation dans laquelle on est impliqué, c'est mécanismes sont d'ordre affectifs (ils faut identifier ses propres sentiments), d'ordre cognitifs (connaître ses modèles de représentation), et d'ordre relationnel (gérer les écarts entre ses propres référentiels et ceux de l'autre). Les phases d'implication et de distanciation ne sont pas successives mais simultanées. L'éducateur sait qu'il ne sait pas, il ne sait pas ce qui atténuera la souffrance de l'usager, il ne sait pas ce que le sujet deviendra, il sait seulement qu'en tant qu'éducateur il n'est pas objet de complétude, il sait seulement qu'il s'agira pour l'éduquer d'apprendre à vivre avec cette part manquante qui nous constitue, nous fait désirer, aspirer, expirer, vivre. Sur cette idée de la part manquante : C'est à cela que l'éducateur accepte de l'aider. JB. PATURET présente l'éducateur avec trois figures possible, dans son rapport à l'éduqué, l'éducateur ne s'inscrit pas en réalité dans une relation de soin, ni dans une relation d'enseignant et encore moins dans une relation de dominant, mais bien dans une relation de maitre, c'est à dire quelqu'un qui se propose d'être prit pour modèle. Maitre Rousseauiste : Il se situe comme procédant ce qu'il manque au sujet pour être tout, il se présente comme la complétude du sujet. Ce dernier est prit dans une relation aliénante ou sa réalité de sujet désirant est étouffé. L'éducation rousseauiste se réduit à la transmission d'un savoir pour lequel l'éduqué n'est que l'objet où il peut se déverser. Maitre Sophistique : Il exerce une mission pour la cité, il fabrique des citoyens conforme aux attentes de la société, le sujet n'a pas de désir propre, il est l'objet d'un système. Maitre Socratique : Se propose à l'éducateur spécialisé comme condition à l'émancipation du sujet, la parole qu'il adresse au sujet c'est « connait toi, toi-même » qui renvoi le sujet à son propre manque mais qui le reconnaît aussi comme sujet désirant. Dans une relation éducative comme celle-ci, le sujet n'est pas conforme, il n'est que lui. Pour la personne en difficulté la relation éducative et cet entre-deux où en réponse à un « tu », le « je » advient, c'est alors un « tu » et un « je » qui se noue en un « nous ». Chacun doit y trouver sa place dans ce « nous ». La relation éducative exige un engagement authentique de sujet à sujet. F. DELIGNY écrivait « Si tu joues au policier, ils joueront aux bandits. Si tu joues au bon-Dieu, ils joueront au diable. Si tu joues au geôlier, ils joueront aux prisonniers. Si tu es toi-même, ils seront bien embêté ». Dans la relation éducative, l'ES invite le sujet en difficulté à se mettre en scène pour jouer son propre rôle. Nous pouvons donc désigner l'éducateur comme celui qui en a fini avec sa propre éducation, mais en qui l'œuvre d'humanitude se poursuit.